mardi 2 avril 2019

La BBC: exemple d’une singularité britannique-Séminaire Culture et Communication-Comité d'histoire du Ministère de la Culture

La BBC: exemple d’une singularité britannique

18 avril 2019-16 à 19 heures 
Séance animée par Evelyne Cohen avec les interventions de 

Renée Dickason, équipe de recherche EA ACE (Anglophonie : Communautés, Écritures), Université Rennes 2,

Longtemps sous l’emprise de l’esprit reithien (du nom de son premier directeur général, John Reith), la British Broadcasting Corporation ou BBC, même si elle subit périodiquement les affres d’une concurrence âpre et effrénée et tente de surmonter les épreuves liées à une crise financière pérenne, a su garder une identité forte et maintenir une image toujours très appréciée au Royaume-Uni et dans le monde entier. Emblème d’un service public convoité, véritable ambassadrice culturelle du monde britannique, la BBC, qui fait preuve d’une singularité qu’il importe de souligner, ne cesse de faire autorité tant par la qualité de ses émissions et séries phares, souvent devenues cultes, (Cathy Come Home, EastEnders, The Archers, Yes, (Prime) Minister, House of Cards, Little Britain, Fawlty Towers, Dr. Who, Happy Valley…), et qui reflètent les préoccupations culturelles, sociales et politiques du Royaume-Uni, que par les exigences éthiques et déontologiques qui sous-tendent les programmes d’information (Nationwide, Newsnight, Panorama…) ou d’éducation (Andy Pandy, Blue Peter, BBC Learning Zone…). Dans le cadre de cette intervention, nous nous arrêterons sur quelques traits saillants du modèle de la BBC, qui demeure une référence incontournable, et de la singularité qui la caractérise dans le façonnement du paysage audiovisuel britannique, dès ses balbutiements jusqu’à l’émergence des chaînes par satellite.

Simon Dawes, Institut d’études culturelles et internationales (IECI) / Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ),

Depuis les années 1980, les chercheurs en « media studies » britanniques ont privilégié une histoire critique de la régulation audiovisuelle britannique en termes de processus de « privatisation », analysant le changement de logique par rapport à l’intervention de l’État et au rôle de la BBC, et le passage du principe de « service public » et d’intérêts des citoyens à celui du marché et de l’intérêt des consommateurs.[…] En dépit de l’efficacité de cette approche pour comprendre les grandes tendances historiques, il y a un écart entre la théorie d’un service public et la réalité de ce que la BBC représente, ainsi qu’un manque de réflexivité théorique et méthodologique dans la plupart des critiques contemporaines portant sur la régulation et l’histoire des médias. […]
Nous avons donc [pour notre part] mené un travail d’analyse diachronique d’un large corpus de documents réglementaires de l’audiovisuel depuis les années 1920 jusqu’à aujourd’hui (Dawes, 2017). Cette recherche, en tant que réflexion épistémologique sur les enjeux de l’histoire de la régulation audiovisuelle en fonction de la dichotomie « public-privé », nous permet de critiquer la notion même de « service public », et de proposer des alternatives pour un audiovisuel « pour le public et par le public ».

Gaël Villeneuve, Institut supérieur de communication – Laboratoire Communication et Politique du CNRS,

L’audiovisuel des individus : la BBC, paradigme libéral de l’audiovisuel public.
Lorsque la radio surgit dans les années 1920, les États décident presque partout que les ondes hertziennes, prérogatives du pouvoir régalien, seront le moyen par lequel la nation se parlera à elle-même – quitte à tolérer sous conditions variables un voisinage public / privé. La Grande-Bretagne ira plus loin : la BBC, rien que la BBC, toutes les ondes sont à elles pour éduquer, informer et distraire. Pendant ce temps, à Moscou, Rome et Berlin, naît dans certains esprits un autre paradigme radiophonique – dans lequel la participation de la radio à la cohésion nationale passe moins par l’émancipation individuelle que par la transmission de la parole du maître.


Les séances se tiennent à la Maison Suger (FMSH), 16-18 rue Suger, 75006 Paris de 16h à 19h [plan]
Inscription obligatoire (libre et gratuite dans la limite des places disponibles) en remplissant le formulaire
Informations :
comitehistoire@culture.gouv.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire